Vladimir Volkoff 1933-2005
Vidéo de Vladimir Volkoff sur Youtube.
Pour ceux qui l’ont, comme moi, connu, la grandeur et la classe de cet homme en quelques imagesEt quelques mots… Il passait souvent à la poste de Bourdeilles, toujours guilleret, galant, offrant volontiers un de ses livres qu’il me dédicaçait avec une grande gentillesse. Il était tout ému de l’intérêt qu’on pouvait lui porter, comme s’il était encore un auteur débutant. On raconte qu’il battait la campagne autour de sa maison de la Rigeardie, tel Tartarin de Tarascon, son fusil fiché sur l’épaule, des guêtres couvrant élégamment ses chaussures, en quête d’un éventuel gibier ou d’inspiration. Un soir j’avais remarqué que quelqu’un dormait sur le banc, dans le jardin entourant la poste et la mairie. Nous étions au mois d’octobre. Les nuits étaient fraîches et je m’inquiétais pour cet homme qui devait souffrir du froid. Je l’avais croisé plusieurs fois sur les routes, quelques jours auparavant, probablement en quête de nourriture : pommes, épis de maïs, noix, tout ce qu’il pouvait glaner pour survivre. C’était quelqu’un des pays de l’Est : cela se voyait tout de suite à son visage, à ses yeux. Il fuyait les contacts mais j’avais réussi à échanger quelques mots et à comprendre qu’il était russe. J’en ai parlé à monsieur Volkoff et je lui ai demandé s’il pouvait écrire une lettre en russe pour accompagner le panier de victuailles et le sac de couchage que je voulais laisser près du banc. Le maître écrivit immédiatement la missive que nous allâmes clouer ensemble sur l’arbre, où j’avais suspendu mon panier et le sac de couchage. J’appris plus tard, mais pas de la bouche de Vladimir Volkoff, qu’il avait communiqué son adresse au réfugié russe et l’avait hébergé quelques jours chez lui…
D’origine russe, Volkoff n’était pas le fils d’un « refuznik » mais celui d’un émigré qui en France gagnait sa vie comme laveur de voitures, et qui fut caporal dans la Légion étrangère. Il est né sur le sol français, est élevé dans le souvenir de la mère patrie perdue, mais dans la loyauté vis-à-vis de la France, la terre d’accueil de sa famille. Son grand-père fut quant à lui un officier de l’Armée impériale russe en 1914, commandant d’une garnison d’Omsk, qui soutient activement l’Amiral Koltchak en Sibérie.
Diplômé en lettres classiques, docteur en philosophie, romancier, essayiste, Vladimir Volkoff était l’auteur de nombreux ouvrages, marqués par les thèmes de la guerre froide, du renseignement, de la manipulation, mais aussi de la métaphysique et la spiritualité.
La foi orthodoxe était « cardinale » pour cet écrivain né à Paris le 7 novembre 1932 de parents russes émigrés. Il est un arrière-petit-neveu du compositeur russe Piotr Ilitch Tchaïkovski.
Après des études à l’université de la Sorbonne à Paris et à celle de Liège, il a été professeur d’anglais à Amiens (1955-57). Engagé volontaire dans l’armée française (1957-1962) pendant la guerre d’Algérie, il a été officier du renseignement (décoré de la Croix de la Valeur militaire), une expérience qui le marque et inspire son œuvre. C’est là-bas qu’il comprit qu’une guerre ne se joue pas seulement avec des armes en plein soleil, mais dans l’ombre et la nuit, et dans les ambassades.
Son séjour en Amérique [modifier]
Après sa démobilisation en 1962, il partit aux États-Unis enseigner la littérature française et russe. Il a été traducteur (1963-65), professeur de français et de russe (1966-77). Fasciné par ce pays, il y resta plus de dix années. Parmi ses œuvres « américaines » figurent L’Agent triple (1962), Métro pour l’enfer (1963), Les Mousquetaires de la République (1964) et Vers une métrique française (1977).
À la fin des années 1970, l’affrontement Est-Ouest est toujours d’actualité, mais le plus grand danger était moins le danger militaire que la paralysie intellectuelle face au système et à la rhétorique communiste. La lutte idéologique oppose deux conceptions du monde et de la liberté. Volkoff devient l’analyste de ce combat avec comme arme sa plume et une très solide culture géopolitique.
Toujours dans les années 1970, sous le pseudonyme de Lieutenant X, il publie des récits pour adolescents à la Bibliothèque verte, la série des Langelot, aventures d’un jeune agent secret. Dans cette série il montrait son goût pour les intrigues romanesques, les rebondissements et sa profonde connaissance des rapports de forces qui prévalaient dans le monde.
Son retour en Europe [modifier]
Publié en 1979, son livre intitulé Le Retournement lui vaut une renommée internationale. Dédié à Graham Greene, un de ses maîtres, ce roman traduit en douze langues tire son titre de la manœuvre consistant à faire travailler à son profit un agent adverse débusqué. Le Retournement raconte une histoire d’espionnage où s’affrontent services de renseignement américains, français et soviétiques, mais à cette histoire elle-même à retournements inattendus se superpose un « bouleversement mystique » ignoré de ces mêmes services secrets et qui fera de son personnage principal un presque martyr.
En 1980, paraissent Les Humeurs de la Mer, vaste fresque contemporaine en quatre volumes: Olduvaï, La leçon d’anatomie, Intersection, Les Maîtres du Temps. Avec Le Montage, Grand prix du roman de l’Académie française en 1982, Vladimir Volkoff met en scène les méthodes et les réseaux des ressorts et des pièges de la « désinformation » soviétique en Europe ; l’écriture de ce roman lui aurait été suggérée par Alexandre de Marenches, directeur du SDECE, qui lui aurait fourni des faits réels sur lesquels est construite la trame du récit.
Son retour en Europe [modifier]
Publié en 1979, son livre intitulé Le Retournement lui vaut une renommée internationale. Dédié à Graham Greene, un de ses maîtres, ce roman traduit en douze langues tire son titre de la manœuvre consistant à faire travailler à son profit un agent adverse débusqué. Le Retournement raconte une histoire d’espionnage où s’affrontent services de renseignement américains, français et soviétiques, mais à cette histoire elle-même à retournements inattendus se superpose un « bouleversement mystique » ignoré de ces mêmes services secrets et qui fera de son personnage principal un presque martyr.
En 1980, paraissent Les Humeurs de la Mer, vaste fresque contemporaine en quatre volumes: Olduvaï, La leçon d’anatomie, Intersection, Les Maîtres du Temps. Avec Le Montage, Grand prix du roman de l’Académie française en 1982, Vladimir Volkoff met en scène les méthodes et les réseaux des ressorts et des pièges de la « désinformation » soviétique en Europe ; l’écriture de ce roman lui aurait été suggérée par Alexandre de Marenches, directeur du SDECE, qui lui aurait fourni des faits réels sur lesquels est construite la trame du récit.
En 1985, inspiré par son expérience américaine, il publie Le Professeur d’histoire, dans lequel il décrit la confrontation cocasse entre un homme de lettres, pétri des traditions classiques, et une jeune héritière surfant sur la vague du modernisme.
Pouvoirs, manipulations, luttes d’influence, désinformation sont au centre de plusieurs de ses livres, comme L’Interrogatoire (1988), Les Hommes du Tsar (1989), un roman historique sur la Russie de la mort d’Ivan le Terrible à l’avènement des Romanov.
Dans les années 1990, il publie Le Bouclage (1990), un roman sur l’insécurité des grandes métropoles, La Trinité du Mal ou réquisitoire pour servir au procès posthume de Lénine, Trotski et Staline (1991). La chute du mur de Berlin, va lui permettre de s’ouvrir sur tous les types de désinformations et de manipulations, et pas seulement celles des régimes communistes. Il fit entrer le terme de désinformation dans le vocabulaire français, avec La Désinformation Arme de guerre (réédition 2004 par les éditions L’Age d’Homme), La Crevasse (1996), Petite histoire de la désinformation (1999), Désinformation flagrant délit (1999), L’Enlèvement (2000), Manuel du politiquement correct (2001).
Dans les années 2000, il avait renoué avec ses racines slaves, en publiant de nombreux textes sur l’histoire de la Russie et sur l’orthodoxie, et a soutenu publiquement la politique de Vladimir Poutine.
Vladimir Volkoff était également l’auteur de biographies historiques (Vladimir, Le Soleil Rouge, Tchaïkovski) et a écrit pour le théâtre. Le Grand Prix Jean Giono pour l’ensemble de son œuvre lui a été décerné en 1995.
Il aurait souhaité que l’ensemble de son œuvre soit reconnue par sa patrie, en étant élu à l’Académie française.Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1995.
ISNB 9782268049328
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Jean Ganiayre
(Source Arpel Aquitaine)
Portes de l’ombre
nouvelles traduites de l’occitan par Jean Sibille
Prix de la Bordelaise de Lunetterie 2001
80 pages
Prix : 11,89 €
ISBN : 2-85792-118-7
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